Pourquoi revenir au conte, est-ce regarder derrière soi ? Par-dessus l’épaule des images que nous côtoyons quotidiennement. Il existe une tentation de revêtir les images de nos aujourd'hui par les images communes des histoires racontées de l’enfance. Regarder le monde en interrogeant l'enfance ce qu’il reste du monde, ce qu’il reste de l’enfance.
Chaque monde raconte une histoire, et Célixie, duo d’artistes issu d’une génération passée sans transition de Walt Disney à Quentin Tarantino, à l’aide des collages numériques aux accents surréalistes, essaie de chausser le pied vulgaire de la réalité dans le soulier de verre du conte. Couleurs saturées, figures criardes, le monde contemporain se maquille grossièrement, se farde de légendes. Il s’opère ici comme une infusion de laideur pour souligner une supercherie sous acide.
Ce qui se joue, peut-être, c’est au final notre propre légende, cette histoire que l’on se raconte pour donner au monde _ au petit monde intime de soi-même _ un chemin acceptable à emprunter. Au milieu de la forêt inquiétante des autres, et des phénomènes aux visages d’ogres. Tout comme à l’origine le conte raconté le soir en se couchant nous met à hauteur de l’angoisse afin d’affronter nos cauchemars à armes égales, il s’agit ici, le matin au lever, de mettre son anxiété à la hauteur de la réalité.
Peut-être va-t-il falloir s’y faire : il n’y a plus de magie au pays d’Oz.
François Heusbourg, 2013, poète et galeriste.
En partenariat avec l'artothèque