Après une première exposition en 2022 sur le thème des sorcières, Svetà Marlier revient avec la Magie pour commande. Grande portraitiste se basant sur des modèles vivants, elle prend ici le contre-pied en utilisant l’Intelligence Artificielle. Une manière bien à elle de jouer avec la magie de ce nouvel instrument.
Travailler avec l’IA (Intelligence Artificielle), certains artistes y réfléchissent, d’autres y sont catégoriquement hostiles. Comment avez-vous eu l’idée d’aborder le thème de la magie par le biais de l’IA ?
Quand Fabrice d’Agosto-Bacquart, le responsable de l’Artothèque de DPVa, m’a proposé une exposition sur la magie, pour faire écho à la programmation de Théâtres en Dracénie, cela m’a beaucoup intéressée car j’avais déjà travaillé sur la figure de la sorcière, et j’étais en train d’explorer le travail artistique avec l’IA. Je suis une artiste figurative, j’ai suis donc dépendante d’un modèle. Soit j’ai recours à quelqu’un de mon entourage, soit je fais appel à des photos, de la documentation, pour étudier des postures avant de les peindre. L’IA permet d’aller beaucoup plus vite.
Comment cela ?
Je renseigne un certain nombre de critères dans le logiciel Midjourney [NDLR : le programme d’Intelligence Artificielle spécialisé dans la création d’images]. Celui-ci génère en quelques secondes l’image demandée, qui est loin d’être parfaite puisque je dois encore la rectifier à la palette graphique avant de l’exporter. Ensuite cette image va me servir de base pour ma peinture.
C’est donc une aide… presque magique !?
Pas vraiment, c’est davantage un outil de travail ! Si on veut filer la métaphore, on peut dire que c’est comme un chapeau magique dans lequel on met des ingrédients, mais ce n’est pas un lapin qui en sort car la formule magique n’est pas au point ! Le résultant est impressionnant bien sûr, mais loin d’être parfait : les visages ont un regard robotique, les expressions humaines sont éteintes… L’IA fait gagner du temps, il permet même de libérer l’imagination en générant des images qui n’existent pas, mais au final, c’est l’artiste qui décide ce qu’il peut en faire ou pas.
L’artiste reste donc le maître ?
Je considère mon travail comme une confrontation avec l’IA. J’appelle cela l’oil-vs-IA (la peinture à l’huile contre l’IA !). Certains pensent que l’IA va remplacer les artistes. C’est faux ! Aucune machine ne pourra remplacer la sensibilité humaine, la connaissance de l’histoire de l’art, et la maîtrise du pinceau.