De l’écriture au cinéma et du cinéma au théâtre, le chef-d’œuvre de Reginald Rose est passé brillamment de la caméra de Sidney Lumet aux mains du metteur en scène Charles Tordjman. Telle une chorégraphie, ce réquisitoire contre la peine de mort est d’une puissance implacable, servi par des acteurs éblouissants de justesse. Captivant !
Costumes cravate, bottines cirées, douze hommes blancs représentatifs de l’Amérique des années 60 siègent ensemble depuis plusieurs heures pour délibérer. Seule échappée possible dans cet espace clos, une longue fenêtre horizontale. Et seule voix discordante dans ce concert unanime, celle d’un architecte qui doute, réfléchit et entraine les autres dans les profondeurs de son tourment : le jeune homme incriminé de parricide est-il coupable ou non coupable ? La nouvelle adaptation de Francis Lombrail met en lumière toutes les interrogations qui traversent chaque personnage, leurs arguments, leurs convictions qui font de ce jury un concentré d’humanité. Avec ses failles, ses fêlures, son agressivité, son intolérance. Quant aux acteurs, ils ont tous leur « heure de gloire » dans laquelle ils excellent et brillent à tour de rôle.